L'écoute offre à l’enfant un sentiment de sécurité
Même les meilleures intentions peuvent rater leur but si nous écoutons notre enfant d’une manière qui le fait se sentir incompris ou insignifiant. Donner automatiquement des conseils, faire la morale ou ramener la situation à soi-même – toutes ces réactions risquent de créer de la distance au lieu de la proximité. Pour aider l’enfant à développer sa sécurité émotionnelle et la confiance dans la relation, il est essentiel d’éviter ces réflexes et d’opter pour une écoute empathique, patiente et accueillante.
Pendant les vacances, lorsque le rythme quotidien se relâche un peu et que l’on dispose de plus de temps de qualité avec les enfants, une opportunité rare se présente : celle d’apprendre à vraiment les écouter. Pas seulement entendre ce qu’ils disent – mais écouter de manière à ce qu’ils se sentent compris, vus et importants. Des recherches en psychologie du développement montrent que la manière dont un parent écoute a autant d’impact – voire plus – que ce qu’il dit.
Une écoute qui répare
L’enfant revient de la crèche, raconte avec enthousiasme un jeu, une dispute ou un rêve. Le parent consulte distraitement son téléphone ou feuillette un journal, répond « OK, c’est bien », puis passe à autre chose. Ce genre de loupé, qui arrive à tout le monde, envoie à l’enfant un double message : tu parles, mais je ne suis pas vraiment avec toi.
À l’inverse, lorsqu’un adulte s’arrête, regarde l’enfant, le laisse finir sa phrase – quelque chose de tout autre se produit. L’enfant sent que quelqu’un dans ce monde est curieux de lui, que son vécu a de la valeur. C’est un terreau pour la croissance psychique.
Une écoute empathique favorise une intégration dans le cerveau – elle relie le sentiment du moi à celui de l’autre. En d’autres termes, lorsque nous écoutons véritablement, l’enfant apprend qu’il a une place dans le monde, qu’il mérite d’être écouté.
Les enseignement de nos maitres
De manière générale, le Rav Wolbe écrit dans son remarquable ouvrage « Zria ouBinyan béHinoukh » (Semer et construire dans l’éducation) que ce qui nous paraît mineur et insignifiant peut être vécu comme un événement dramatique par un enfant.
Il y expose l’importance de respecter l’individualité de chaque enfant, et affirme que chaque enfant mérite une attention personnelle adaptée à sa nature
Ainsi, même si le récit d’un enfant semble banal ou ennuyeux, il ne l’est pas pour lui. Il mérite donc notre attention et notre sensibilité.
De même, le Rav Eliyahu Dessler dans son « Michtav Me’Eliyahu, Volume I, Kountrass Ha’hessed (קונטרוס החסד) » développe l’idée centrale que l’amour authentique découle du don — non pas que l’on donne par amour, mais que l’on aime parce que l’on a donné.
«... כל רגש חיובי נובע מהנתינה... אלא כל רגש שלילי נובע מהלקיחה. »
« Tout sentiment positif émane du don… tandis que tout sentiment négatif naît de l’action de prendre. »
Les 5 Principes d’une écoute véritable
- Accordez votre pleine attention : n’essayez pas d’« écouter tout en faisant autre chose ». Regardez dans les yeux, mettez-vous à la hauteur de l’enfant si nécessaire, et montrez avec votre corps : tu es ce qu’il y a de plus important pour moi en ce moment.
- Ne vous précipitez pas pour corriger, conseiller ou rassurer : parfois, quand un enfant dit « je suis triste », le parent répond aussitôt : « ce n’est pas grave, ça ira mieux ». Mais ce message invalide l’émotion de l’enfant. À la place, essayez : « tu te sens triste… tu veux me raconter ce qui s’est passé ? »
Le simple fait d’accueillir son émotion est déjà un apaisement. - Posez des questions ouvertes qui encouragent le partage, par exemple : « Qu’as-tu ressenti quand c’est arrivé ? », « Qu’est-ce qui t’a le plus dérangé ? », « Qu’est-ce que tu aurais aimé qu’il se passe autrement ? »
Ces questions montrent à l’enfant qu’il a une voix unique, digne d’être entendue. - Reformulez ses émotions et ses mots : c’est un outil psychologique puissant. Si un enfant dit : « ils ne voulaient pas jouer avec moi », répondez : « ça a dû être très blessant pour toi ».
Reconnaître l’émotion crée un climat de confiance, car l’enfant sent qu’on le comprend vraiment. - Respectez les silences : tous les enfants ne s’expriment pas facilement. S’il se tait, ne le brusquez pas. La véritable écoute commence aussi dans un silence détendu, qui lui permet de se sentir en sécurité pour parler à son rythme. Faites preuve de patience et de douceur.
Ce qu’il ne faut pas faire : erreurs fréquentes
Lors d’une conversation avec un enfant, il est important d’éviter certaines erreurs courantes qui peuvent nuire à son sentiment de sécurité ou de compréhension :
- Ramener le sujet à vous, par exemple en disant « moi aussi ça m’est arrivé », risque de minimiser son vécu.
- Invalider ses émotions avec des phrases comme « tu es trop sensible » porte atteinte à la légitimité de son monde émotionnel.
- Lui faire des reproches ou la morale, du type : « pourquoi tu ne leur as pas parlé ? » envoie un message de critique au lieu de compréhension.
- Donner des conseils trop vite, comme « la prochaine fois, ignore-les », prive l’enfant de l’espace pour exprimer et traiter ce qu’il ressent.
L’écoute comme investissement à long terme
Une bonne écoute n’est pas seulement un moyen d’avoir une conversation agréable. C’est une pierre angulaire dans la construction de l’estime de soi de l’enfant, de sa sécurité dans la relation parentale, et même de son développement social.
Les enfants qui sentent qu’on les écoute apprennent aussi à écouter les autres, à développer de l’empathie, et à mieux gérer les conflits.
Et – fait peut-être surprenant – cet impact se prolonge jusqu’à l’adolescence. Un enfant qui a su qu’on l’écoutait même quand il disait des choses « difficiles » se sentira en sécurité pour se confier même en grandissant.
Parfois, tout ce qu’un enfant demande, c’est un adulte qui l’écoute vraiment
Pas besoin de doctorat en psychologie. Il suffit d’un instant de présence authentique, d’une oreille attentive et d’un cœur ouvert.
Et justement maintenant, pendant les longues journées d’été, lorsque le temps semble se détendre un peu – c’est une excellente opportunité pour pratiquer l’un des plus beaux cadeaux qu’on puisse offrir à un enfant : une écoute qui lui donne confiance.