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Avant Kippour, demander pardon à son prochain !

Lundi 18 Septembre 2023 | 03h13   Vue : 3964 fois
 
 
 
 


1. Le mois de Tichri



      Les préparatifs au mois de Tichri et de ses fêtes reposent en grande partie sur la Téchouva, le retour sur soi et le repentir des fautes, qu’elles concernent notre conduite face au Créateur du monde, ou qu’elles aient trait aux fautes que nous avons commises envers nos semblables.

      Lorsque c’est envers notre prochain que nous avons mal agi, il nous faut réparer nos fautes en demandant pardon à la personne lésée. Quand et comment doit-on s’acquitter d’une tâche aussi délicate ?

      Lorsque c’est envers notre prochain que nous avons mal agi, il nous faut réparer nos fautes en demandant pardon à la personne lésée. Quand et comment doit-on s’acquitter d’une tâche aussi délicate ?

      Nous sommes à l’entrée du mois de Élloul propice à la Téchouva. C’est donc le moment opportun pour étudier ces questions.

      La Michna (Yoma 85b) précise : « Les fautes entre les hommes et D. sont effacées grâce à Yom Kippour ; les fautes entre hommes ne peuvent être expiées à Yom Kippour tant que la personne n’aura pas demandé pardon à l’autre ».

      La Guémara (id. 87a) rapporte une anecdote concernant Rav, qu’un boucher avait blessé (Rav est le nom de l’un des grands maîtres du temps de la Guémara). En veille de Yom Kippour, Rav se rendit chez le boucher, afin que ce dernier lui demande pardon quand il le verrait. Mais quand le boucher l’aperçut, il déclara ne rien avoir à lui dire. Quelques temps plus tard, le marteau qu’il utilisait lui tomba sur la tête et il mourut sur le champ.

      La Guémara rapporte une autre anecdote concernant Rav (id.), lequel se rendit douze fois auprès de rabbi ’Hanina pour lui demander pardon, que ce dernier lui refusa. Finalement il s’avéra que rabbi ’Hanina savait que Rav devait devenir Roch Yéchiva en Babylonie ; c’est la raison pour laquelle il repoussa les excuses de Rav, afin que ce dernier soit obligé de quitter Érèts Israël (de honte) et aille ainsi au devant de son destin.

      C’est à partir de ces deux histoires que sont tirées la plupart des règles halakhiques concernant la présentation d’excuses et la façon de les accepter.


2. Les questions qui se posent

      L’une des premières questions qui se posent est de savoir à quel moment il est opportun de demander pardon : est-ce souhaitable immédiatement après que l’impair ait été commis, ou bien y a-t-il lieu d’attendre la veille de Yom Kippour ?

      Le Michna Béroura (606,1) rapporte le commentaire du Ba’h (id.) selon lequel il faut demander pardon immédiatement ; ce n’est que si la personne n’a pas la possibilité matérielle de faire cette démarche qu’elle peut se permettre de la repousser.

      Toutefois, la présentation des excuses ne pourra être repoussée au-delà de la veille de Yom Kippour, car il faut alors avoir « mis à jour les compteurs » envers autrui avant de pouvoir implorer le pardon divin. Cela va même plus loin : le Kaf Ha’hayim rapporte que lorsqu’une personne s’est rendu coupable de fautes envers l’Homme, et de fautes envers D‘, l’Eternel n’accorde pas son pardon tant que le pardon d’autrui n’est pas obtenu.

      Outre la présentation d’excuses, il faudra réparer le préjudice matériel éventuellement porté à la personne, et donc rendre l’argent ou l’objet volé par exemple.

      La demande de pardon n’est pas exigée uniquement lorsqu’un dégât réel a été commis ou un vol effectué. On doit aussi demander pardon dans les cas de fautes sans préjudice matériel, comme par exemple une attaque verbale (cf. ’Hochèn Michpate. Chap. 228).

      Si la personne contre laquelle on a fauté déclare pardonner tout ce qu’on a fait contre lui – il n’y a pas besoin d’insister à lui fournir tous les détails des fautes commises, puisqu’en pardonnant globalement tout, même des fautes qui ne lui sont pas connues sont comprises (Az Nidbérou VII, 66).

      Quelle est la marche à suivre lorsqu’une personne ne sait pas que l’on a fauté envers elle, ou qu’elle l’apprend sans véritablement connaître les détails de l’affaire ?

      Le Michna Béroura (606,3) répond que livrer des détails n’est possible que si l’aveu ne lui fait pas honte. Il précise même que si l’étalement des détails sur notre mauvaise conduite risque de faire honte à la personne auprès de laquelle on s’excuse, l’aveu même de ces détails ne sera pas permis. Ils ne pourront être avoués que si la victime n’en subit pas un nouveau préjudice "moral".

      Rabbi Israël Salantèr (cf. Mo'adim Ouzémanim I, 54) évoque le cas d’une personne qui, en venant demander pardon à autrui et en lui rappelant ce qui a été fait à son encontre, lui cause alors de la honte ou du désagrément. Ici donc même en demandant pardon, on aura fauté.
A plus forte raison n’y aura-t-il donc pas lieu de demander pardon sur des éléments qui n’ont aucunement dérangé la personne en leur temps, et dont elle n’a jamais eu vent, car alors le fait de les avouer lui occasionnera de la peine.
Si, en revanche, la peine est déjà faite, mais qu’avouer le tour pendable qui aura été joué contre la personne augmentera son désagrément, il faudra demander pardon sans donner de détails quant aux mauvais actes commis contre elle.


3. Le Lachone Hara‘


      Au sujet de l’expiation de la faute de Lachone Hara‘ – d’avoir médit d’autrui, le ‘Hafèts ’Haïm (4,12) précise que si des paroles préjudiciables ont été dites, mais que les gens ne les ont pas prises au sérieux et que donc la personne attaquée n’a pas effectivement souffert de cette calomnie, la faute reste "limitée" au domaine des les relations entre l’homme et D. ; il suffira donc de demander pardon au Créateur – tout en s’engageant à ne plus médire d’autrui à l’avenir.

      En revanche, si l’honneur de l’autre a été atteint, il faudra lui présenter ses excuses jusqu’à ce qu’il les accepte et pardonne, puis demander pardon à D. Tant qu’il est possible de rattraper les dégâts causés par ses propos, il faut parler à toutes les personnes qui les ont entendus et les corriger, afin que la personne calomniée n’ait pas à souffrir des conséquences de ce qui a été dit à son sujet.

      Le ‘Hafèts ’Haïm ajoute que même si notre victime n’est pas au fait de nos mauvaises paroles, il faudra lui en parler et demander pardon – sans doute s’agit-il d’un cas où la personne concernée n’éprouvera pas de honte à entendre ce qui a été dit contre elle (cf. plus haut).


4. Comment demander pardon


      Il faudra a priori se rendre chez la personne que l’on a lésée, et lui demander pardon jusqu’à ce qu’elle accepte de pardonner. Si le déplacement physique est impossible, ou que le fait d’envoyer un intermédiaire peut être plus efficace, il est possible d’envoyer une tierce personne qui demandera pardon en son nom (Michna Béroura chap. 2).

      Si une première visite n’a pas réussi à emporter le pardon de la personne lésée, il faudra retourner auprès d’elle deux ou trois fois. D’après le Rambam, la première fois, on ira demander pardon tout seul, puis on ira encore trois fois, mais alors accompagné de trois autres personnes.

      Certains sont d’avis que l’on se fera accompagner de trois personnes dès la première fois (c’est ce qui ressort du Choul’hane ‘Aroukh), et on continuera de la sorte la seconde et la troisième fois.

      Si, malgré tout cela, la personne ne veut pas pardonner, on réunira alors dix personnes devant lesquelles on déclarera que l’autre a refusé d’accepter nos excuses malgré plusieurs demandes effectuées de notre côté. On sera alors quitte de nos obligations aux yeux de la Halakha (Rama 606,1).

      A-t-on toutefois le droit de continuer à implorer le pardon de notre victime ? Cela dépend du statut de la personne demanderesse: si c’est un « Talmid
'Hakham », et qu’alors une telle obstination risque d’entraîner une profanation de la Tora, elle ne pourra retourner auprès de la personne lui ayant refusé par trois fois son pardon.
Une personne qui n’est pas d’un tel rang pourra elle insister, mais n’y est pas tenue (Ba’h, Michna Béroura chap. 4).


      En revanche, si c’est envers son propre Rav que l’on a fauté, il faut insister jusqu’à ce que le Rav accepte d’accorder son pardon, même après avoir essuyé trois refus.

Le Michna Béroura précise que ceci concerne même un enseignant de Tora dont on a suivi les cours occasionnellement, même s’il n’est pas son Rav principal.



      De l’anecdote rapportée dans la Guémara entre Rav et le boucher, il ressort qu’il ne s’agit pas seulement d’accepter de pardonner à la personne qui nous a offensée ou lésée (ce que Rav aurait pu faire sans se déplacer), mais encore de tout faire pour que l’autre comprenne qu’il doit demander pardon. Rabbi Its’hak Blazèr (l’un des grands maîtres du
« Moussar », de l’Ecole de morale) enseigne que l’on comprend de cela l’importance de demander pardon, c'est-à-dire savoir de s’abaisser devant l’autre. C’est cet aspect de la démarche qui permet d’absoudre la faute.


      En conséquence, il faut dans tous les cas présenter soi-même ses excuses. On ne pourra se suffire d’entendre que l’autre aura pardonné, car tant que l’on ne s’est pas "contraint" à demander pardon, notre faute n’aura pu être absoute. Une seule exception déroge à cette règle fondamentale : si la présence physique de la personne risque de mettre la victime encore plus mal à l’aise qu’elle ne l’est déjà du fait du préjudice qu’on lui a porté, on pourra se suffire de présenter ses excuses par personne interposée.

      Le Tour rapporte au nom du Pirké Dérabbi Éli'ézèr (chap. 45), que le Satan est amené à constater que le jour de Yom Kippour, le peuple juif est sans faute, et dit au
Créateur : «Maître du monde, Tu as un peuple sur terre qui se conduit comme les anges du
Service : de même qu’eux sont pieds nus, de même le peuple d’Israël est-il sans chaussures en ce jour (chaussures de cuir) ; de même que ceux-ci ne sautent pas en ce jour (ils ne font pas plusieurs choses à la fois), de même le peuple d’Israël est sur ses pieds ce jour-là (ils prient).
De même que les anges du Service sont sans faute, de même en est-il du peuple juif ; de même que la paix règne entre les anges, de même les membres du peuple juif réussissent-ils à faire régner la paix entre eux. D. entend le témoignage positif des opposants, et leur pardonne leurs fautes ».


On comprend donc ici l’importance d’être en bonne relation avec autrui à Yom Kippour, afin de pouvoir finalement obtenir le pardon divin.

      Nous avons écrit plus haut qu'il faut être indulgent envers celui qui a fauté contre nous, et accepter les excuses qu'il nous présente. Le Rama rapporte que si l'on a fauté envers nous en propageant une rumeur nous diffamant (Chèm ra’), on n'est pas tenu à l'indulgence ; en effet, il se peut que certaines personnes aient seulement entendu le mensonge initialement propagé, mais pas son rectificatif. Dans ce cas, le dommage qui nous a été causé reste d'actualité, et l'on n'est donc pas tenu de pardonner.

      Néanmoins, même si cela n'est pas obligatoire, il est recommandé de pardonner même dans de telles circonstances (Maguèn Avraham, Michna Béroura 606,11). Le Kaf Ha'haïm rapporte des décisionnaires pensant que dans ce type de cas la personne n'est réellement pardonnée que si l'offensé accepte sincèrement ses excuses (id. 33). Dans le cas où l'auteur de la diffamation proclame en public qu'il a menti au sujet de telle et telle personne, et qu'il demande pardon publiquement, l'offensé sera tenu de pardonner, puisque cet aveu sera alors connu de tous (`Aroukh Hachoul'hane 606,2).

      Le Rambam écrit à propos d'une personne qui a fait honte à son prochain (Hilkhote 'Hovèl chap. 3) « Une personne qui fait honte à son prochain en s'exprimant mal à son égard ou en lui crachant sur ses vêtements ne peut être soumise à une peine pécuniaire, mais le Bèt Dine se doit de prendre des décisions dans ce genre de cas en chaque lieu et à chaque temps selon ce qu'il pense. Si la personne offensée est un
« Talmid `Hakham », il faudra payer à prix fort la honte causée, bien que l'offense n'ait été qu'orale... On impose dans un tel cas une amende fixe, tant en Érèts Israël qu'à l'étranger, et c'est ainsi que l'on faisait en Espagne...


      Même si l'offense faite oralement à une personne anodine ne donne pas lieu à amende, cela reste un grand péché, et la personne qui agit de la sorte, s'en prend aux gens avec violence et leur fait honte n'est qu'un fauteur et un imbécile (et un grossier personnage - ajout du Choul'hane 'Aroukh). Toute personne faisant rougir une personne juive respectable en public n'a pas part au monde futur ».

      Le Rama (`Hochèn Michpate chap. 420 par. 38) rapporte divers avis selon lesquels le Bèt Dine se doit de condamner à la bastonnade toute personne ayant fait honte à autrui en public, y compris dans le cas où cette honte est née suite à une rumeur diffamante colportée sur cette personne.

      On distingue deux sortes de propos diffamants. Si les termes employés implique que la personne diffamée a commis une faute. On la qualifie donc de voleur, criminel, délateur. Le Bèt Dine peut alors faire frapper celui qui a ainsi menti aux dépens son prochain (de nos jours, le Bèt Dine peut imposer une amende à la place des coups ('Hatam Sofèr `Hochèn Michpate chap. 181). Mais si les mots utilisés sont «seulement» désobligeants - par exemple : impur, chien ou autres - il suffira que, l'auteur de ses méchants propos demande pardon à la personne insultée (Sma' 420,56). Elle devra insister jusqu'à ce que la personne offensée ne lui tienne plus rigueur, et si cette dernière exige une somme d'argent à titre de dédommagement, le fauteur devra s'exécuter.

      Même si les informations calomnieuses étaient vraies, la chose reste interdite du moment que la volonté de la personne qui les a colportées était de faire honte à son prochain (Choute Chévoute Ya'akov 179) : publier la mauvaise conduite d'autrui n'est possible que si l'intention est d'empêcher l'autre de mal agir, d'alerter ses éventuelles victimes ou de porter témoignage suite à une convocation du Bèt Dine.

Comment être pardonné si la personne envers laquelle on a mal agi n'est plus de ce monde ?

      Le Choul'hane 'Aroukh rapporte à cet égard la Guémara (Yoma 87a) qui exige que l'on rassemble dix personnes sur la tombe de la victime de notre faute, et que l'on dise J'ai fauté envers l'Eternel, D. d'Israël, et envers cette personne ». Il faut préciser quelle faute a été commise. Les personnes présentes répéteront par trois fois : La faute est pardonnée (Michna Béroura § 15).

      La même procédure s'applique si l'on a fait courir une mauvaise rumeur sur une personne décédée depuis.

      Les grands Maîtres anciens ont interdit de faire courir des diffamations sur des personnes déjà décédées une personne qui aura transgressé cet interdit devra se repentir et demander pardon.

      Si on a insulté une personne post mortem, le Michna Béroura précise qu'il n'est pas besoin de se rendre sur sa tombe, et qu'il suffira de demander pardon là où l'insulte a été lancée (§ 14). En revanche, le Kaf Ha'haïm exige que l'on se rende sur la tombe de la personne pour demander pardon, même si on l'a offensée «seulement» en proférant des insultes (§35).Si l'on se trouve à plus de trois « Parsaote » (environ 12km à pieds) de l'endroit où la personne que l'on a offensée est enterrée, on n'est pas tenu de se présenter soi-même sur la tombe, mais on peut envoyer un émissaire qui s'y rendra avec dix autres personnes afin de demander pardon en notre nom. Le fait de demander pardon au fils de la personne offensée est inopérant, car le fils n'est pas en capacité de pardonner l'affront fait à ses ancêtres (Kaf Ha'haïm §41). Il faudra donc se rendre sur la tombe de la personne concernée, dans tous les cas cités plus haut.

      Si l'on doit de l'argent à une personne désormais décédée, on le rendra à ses héritiers. Si elle n'a pas d'ayant droits, on le donnera au Bèt Dine et on avouera sa faute devant lui (Rambam Hilkhote Téchouva chap. 2).

      Le Bèn Ich `Haï écrit (Parachate Vayé'hi) Toute personne embrassera la main de son père et de sa mère en veille de Yom Kippour, avant de se rendre à la synagogue, et leur demandera pardon. C'est une grande obligation incombant à toute personne, et celui qui n'agit pas ainsi est un fauteur, car il fait preuve d'un manque de respect envers ses parents. Si nos Sages ont instauré de demander pardon à autrui avant Yom Kippour, cela ne doit-il pas être vrai à plus forte raison à son père et à sa mère, car nul n'échappe à cette faute au quotidien ! Si le fils est un imbécile et n'a pas demandé pardon, ils lui pardonneront tout de même et diront : "Je pardonne de tout mon cœur à mon fils pour toutes les fautes qu'il a pu commettre envers moi".

      De même, le mari pardonnera à son épouse. Un disciple dont le maître habite en ville devra se rendre auprès de lui en veille de Yom Kippour pour lui demander pardon. Dans de nombreuses communautés, il y a la coutume de réciter la prière "Zakha" après Kol Nidré, dans laquelle on pardonne à toute personne qui a fauté contre nous, sauf dans des cas de dommages financiers dont on pourra toujours exiger la restitution.

                                                                               Rav Michel Kottek





   


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