Les conversions
forcées et la répression menée par l’Eglise catholique ont provoqué un exode vers les Amériques. Du coup, les juifs ont eu un rôle singulier dans la colonisation du Nouveau Monde.
L’un des meilleurs connaisseurs de cette saga est justement Nathan Wachtel, qui avait commencé ses recherches par La Vision des vaincus – Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole (Gallimard, 1971), et s’est tourné ensuite vers ce chapitre méconnu de la diaspora séfarade dans ses ouvrages La Foi du souvenir – Labyrinthes marranes (Seuil, 2001) et Mémoires marranes (Seuil, 2011).
Les candidats à la nationalité portugaise ou espagnole devront prouver le bien-fondé de leur démarche. Or, la plupart du temps, les descendants des séfarades poussés à abandonner la Péninsule n’ont aucun document à présenter à l’appui de leur demande. « On trouve des catholiques dont les coutumes familiales portent la trace de la tradition juive, mais il s’agit souvent d’agnostiques ou de libres-penseurs, raconte M. Wachtel, qui a enquêté sur le terrain. Une minorité revient au judaïsme, ce qui provoque bien des problèmes.
Les autorités
rabbiniques ne les acceptent pas sans conversion faute de documents pour prouver leur ascendance, ce qui en offusque certains, dont les ancêtres sont morts sur le bûcher. » Israël aussi se montre parfois difficile à l’égard de ces candidats à la « loi du retour » dont les liens remontent aussi loin, même si le pays a besoin d’immigrés.
Au cours de ses recherches, M. Wachtel n’a jamais trouvé de tels documents, juste des traces dans les archives de l’Inquisition et les comptes-rendus d’interrogatoires. Cela aide à reconstituer des généalogies. Il y a aussi des patronymes typiques adoptés par les « nouveaux chrétiens », c’est-à-dire les juifs convertis de force ou par la crainte des persécutions. « Souvent, ce sont les femmes qui transmettent l’histoire familiale et permettent de reconstituer les lignages, même avec des lacunes, confie l’historien. La mémoire généalogique peut remonter jusqu’au début du XVIIIe siècle ; avant c’est très difficile. »
Source : JForum