La Kacheroute du Beth Din de Paris et le géant « OU » veulent s'unir

Mariage en vue : au Consistoire de Paris, on travaille activement à un partenariat entre la cacherout du Beth Din (KBDP) de Paris et OU, le géant américain de la certification casher.

Début février, le grand rabbin de Paris, le rav David Messas a ainsi mis à profit un séjour à New York pour répondre à l’invitation de l’état-major de OU. L’occasion pour le rav Messas de constater le gigantisme de cette cacherout qui emploie, pour son seul siège new-yorkais, une cinquantaine de rabbins coordinateurs.

Et dans les prochains jours, ce sont deux autres représentants du Consistoire qui feront à leur tour de voyage outre-Atlantique afin d’accélérer les négociations. Un accord permettrait en effet à la cacherout parisienne de franchir un grand pas en terme de reconnaissance internationale.

Leader mondial dans son domaine, OU, qui dépend de l’Union orthodoxe américaine, accorde son certificat de cacherout à plus de 500 000 produits alimentaires fabriqués dans 6 000 usines réparties dans 80 pays à travers le monde. Pour cela, elle s’appuie sur une « armée » de 600 machguirim vérificateurs. Des chiffres qui en font un acteur incontournable de l’industrie alimentaire : on estime ainsi que dans certains supermarchés américains, 70 % des aliments sont estampillés du cachet.

De son côté, avec ses 4 000 produits référencés, la cacherout du Beth Din de Paris présente un profil plus modeste en terme de volume. Mais sa réputation de sérieux n’a rien à envier à son homologue américain. Les certifications accordées aux matières premières qui entrent dans la composition des aliments manufacturés partout dans le monde font, par exemple, autorité.

Un partenariat, qui se traduirait par la juxtaposition des deux tampons sur certains produits et la reconnaissance automatique de leurs certifications profiterait donc aux deux entités. Les produits estampillés Beth Din de Paris verraient alors s’ouvrir les portes de l’immense marché du casher américain. Quant à OU, il espère asseoir encore plus sa légitimité en associant son nom à celui d’une cacherout aussi sérieuse que celle du Beth Din.

Ce sont d’ailleurs les Américains qui, les premiers, se sont montrés intéressés. Si les premiers contacts ont été noués il y a deux ans, les négociations n’ont sérieusement débuté qu’il y a quelques semaines.

Côté français, le dossier est géré par le grand rabbin de Paris, David Messas, le Av Beth Din, rav Yermiyahou M. Kohen, le président des Consistoires, Joël Mergui et le directeur des services de la cacherout, David Amar. « C’est un dossier très important, mais nous ne transigerons pas sur nos conditions », confie ce dernier pour expliquer que les discussions n’en sont encore que dans leur première phase.

Reste qu’un premier obstacle se dresse déjà. Il concerne les produits contenant du lait. S’appuyant sur les décisions du gaon rav Moché Feinstein zatsal, OU accorde en effet sa certification à ceux qui contiennent du lait non chamour. Une position controversée au sein du Consistoire de Paris où certaines autorités estiment que le Beth Din de Paris ne peut donner son aval à des aliments entrant dans cette catégorie, au risque de porter atteinte à la réputation de sa cacherout.

Source : Hamodia